Un intérêt encore mitigé pour le cannabis
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Le développement de l’industrie du cannabis passe par la construction de nouveaux bâtiments et la transformation d’usines désaffectées. Si, en Ontario, l’industrie carbure aux nombreux projets de production et de transformation, le Québec traîne la patte, déplore l’Association québécoise de l’industrie du cannabis.
« C’est évident qu’on est moins ouvert que les autres provinces et ça nous pose problème », précise le porte-parole de l’organisme, François Limoges.
À preuve : jusqu’à présent, sur les 200 licences accordées par Santé Canada partout au pays, avec une forte concentration en Ontario, seulement 14 l’ont été pour des projets soumis par des entreprises installées au Québec. De ce nombre, huit sont contrôlées par des intérêts québécois.
« On ne peut donc pas parler de ruée vers le cannabis au Québec », résume le porte-parole de l’association, lui-même impliqué, avec deux associés, au sein de l’entreprise Rose Sciencevie.
La PME s’apprête d’ailleurs à inaugurer sa nouvelle usine de production-transformation à Huntingdon, en Montérégie. « On a construit un bâtiment de 55 000 pi2, au moyen d’investissements de 21,6 millions, souligne le cofondateur de l’entreprise. En 2020, nous prévoyons amorcer la phase 2 de notre développement avec une autre usine de 145 000 pi2, un investissement de 50 millions cette fois. »
Des villes ouvertes…
Près d’un an après la légalisation du cannabis au pays – intervenue le 17 octobre 2018 –, quelques villes au Québec tentent d’attirer des entreprises dans leurs parcs industriels pour la production-transformation, en serres ou dans des bâtiments étanches.
« Nous voulons développer ce pôle économique, annonce Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopôle. Ça deviendra une de nos cinq filières clés dans les sciences de la vie », tient-elle à préciser.
Elle ajoute que Sherbrooke entend « devenir un leader dans ce secteur-là », en faisant intervenir les chercheurs universitaires, pour développer des produits du cannabis à des fins médicales. Pas question, dans cette optique, d’encourager des investissements dans le cannabis « récréatif ».
… d’autres moins
Or, ce ne sont pas toutes les municipalités qui souhaitent développer cette filière, « particulièrement en territoire agricole », relève la courtière immobilière Dyane Cotnoir.
« Je reçois beaucoup de demandes de jeunes entrepreneurs de la région de Montréal désireux de se lancer dans cette production. Je veux bien les aider à trouver des sites, mais je constate que bon nombre de municipalités n’en veulent tout simplement pas. » - Dyane Cotnoir
La courtière spécialisée dans le secteur agricole estime que cette industrie évolue dans une « zone grise », sur les questions touchant notamment au zonage permettant de cultiver les plants de cannabis et de les transformer.
« Prenez Mirabel, ajoute-t-elle. La municipalité a imposé un moratoire. On invoque toutes sortes de raisons pour défendre cette position, que ce soit les odeurs, la lumière trop intense dans les bâtiments… Mirabel n’est pas une exception. De nombreuses MRC se questionnent également. »
Un maire impatient
La réalité est tout autre à Weedon, et ce n’est pas faute d’intérêt de la part de la municipalité de l’Estrie. « Nous sommes ouverts à des projets de développement dans le cannabis, affirme le maire Richard Tanguay. Mais ça bloque du côté de Santé Canada. »
Il fait valoir que la firme MYM Neutraceuticals attend toujours les autorisations, après 18 mois. « L’entreprise a investi 12 millions dans des serres et prévoit investir chez nous 200 millions et créer 400 emplois avec une usine de 1,5 million de pieds carrés, rappelle-t-il. Or, sans licence de production, rien ne peut avancer. C’est aberrant. »
Il garde espoir. « Si le projet démarre, des projets résidentiels vont lever de terre et ce sera une bonne chose pour notre municipalité [de 2700 habitants] qui s’est dévitalisée. »
Bâtiments neufs et usines transformées
Voici les principaux projets d’investissement immobilier commercial au Québec totalisant, jusqu’à présent, 113,6 millions. founders Terranueva : 5 millions à L’Assomption pour la revitalisation d’un bâtiment existant
Rose Sciencevie : 21 millions à Huntingdon pour la construction d’un nouveau bâtiment
Aurora : 32 millions à Lachute et Pointe-Claire pour la construction de deux usines et la revitalisation d’une usine existante
MYL Cannabis : 3,2 millions à Pointe-Claire pour la revitalisation d’une bâtisse existante
Origine Nature : 2,4 millions à Sainte-Agathe pour la revitalisation d’une bâtisse existante
Verdélite : 30 millions à Saint-Eustache pour sa nouvelle usine
Cannara : 20 millions à Farnham pour la revitalisation de l’ancienne usine de tapis Beaulieu
Source : AQIC